ELECTIONS US : MODE DE DESEMPLOI ( partie 2)

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  AU DELA DES RESULTATS


Le bipartisme sera le premier vainqueur. En effet, ce monde politique bipolaire contre lequel nous résistons difficilement en France est une chose acquise aux Etats Unis. Le match MacCain/ Obama qui nous est servi, en France, des amuses bouches au dessert participera à encore plus au bipartisme absolu dont l'UMP et le PS rêvent. Matchs ou duels comme le sport sait nous y préparer. Nous devons choisir : c'est Paris ou Marseille, le Stade toulousain ou le Stade Français. C'est Philadelphie ou Tampa Bay, Obama ou MacCain... Une élection médiatisée comme celle des Etats-Unis est le meilleur service à rendre, ici, aux deux partis aspirateurs grâce au tam-tam médiatique. L'alternance devient l'assurance vie des partis hégémoniques. C'est le meilleur placement. Pour les médias aussi, et ils s'y emploient. Le socialiste- démocrate - libéral Delanoé, malgré un plomb dans l'aile libérale tiré par la crise, a tout pour se retrouver entre les cordes médiatiques face à Sarkozy.

Le libéralisme sera le deuxième vainqueur. En effet, Obama a beau être qualifié de socialiste ou de gauchiste, de marxiste même ( !) ça fait sourire.
Plus sérieusement, certains commentateurs, ici, parlent de lui comme étant le représentant de la gauche américaine... Voilà qui servira le PS, qui lui aussi, se sentira décomplexé à l'image du maire de Paris.

La pensée libérale, même atténuée du simple bon sens que peut apporter Obama restera la pensée dominante au service d'un système et d'une vision globale de la planète dans laquelle les Etats-Unis ne peuvent être qu'une puissance dominante, première en tout... Mais c'est sans compter avec la crise qui rebat les cartes. Un certain pragmatisme peut pousser le candidat démocrate à ne pas rester enfermé dans une stricte idéologie comme on peut le craindre fortement pour MacCain. D'autant que les intellectuels de gauche se mobiliseraient comme jamais pour pousser en cas d'élection du démocrate...


  QUID DU PROGRAMME ?


Alors McCain, c'est la guerre en Irak, la peine de mort, des assurances médicales privées, le libéralisme le plus débridé... Il est contre l'avortement, les unions homosexuelles...

Obama veut rendre obligatoire la couverture maladie pour tous les enfants (quant aux autres...) Il est pour l'avortement, les unions homosexuelles. Il est contre la guerre en Irak (mais...), les baisses d'impôts de Bush (mais...)

Ensemble, ils sont prêts à envisager l'option militaire pour l'Iran et à fermer la prison de Guantanamo. Ils défendent la construction d'un mur entre le Mexique et les Etats-Unis...

En matière d'Ecologie, ils sont aussi prêts, l'un et l'autre, à établir une bourse d'échange de droits à polluer qui correspond décidément à la logique américaine qui fait confiance au marché plus qu'à tout autre système. Aucune taxe carbone ne sera donc instaurée aux Etats-Unis à court terme. Un peu plus d'énergies renouvelables pour Obama et plus de nucléaire pour le républicain...

Ensemble aussi, dans une grande église de Californie, les deux candidats étaient réunis autour d'un des pasteurs les plus connus des Etats-Unis. La religion joue toujours un rôle incontournable dans la vie politique. Et donc le pasteur abrita et arbitra...

Face à la crise écologique et sociale tant étasunienne que planétaire, face au pillage du sud par le nord, face à la crise financière qui finit de condamner le système, ni MacCain ni Obama ne peuvent apporter les réponses adaptées.

Aucun altermondialiste ne peut s'y retrouver. Alors ???


UNE ELECTION A 14 !


Mais oui... Vive le bipartisme... ! Personne n'en a entendu parler mais ils sont quatorze candidats.

Bien sûr des farfelus : comme Jack Shepard, un républicain recherché pour incendie volontaire dans le Minnesota et réfugié à Rome, en Italie, depuis 25 ans. Un autre républicain, Hugh Cort un psychiatre d'Alabama, souhaite stopper immédiatement l'Iran à coups de bombes nucléaires afin de rendre "plus facile une victoire en Irak". Plus inoffensif, Vermin Supreme défend une loi sur le brossage des dents.

Il y a le Bob Barr du parti libertarien, qui pourrait semer le trouble du côté des Républicains. Ce petit parti étasunien est favorable au renforcement des libertés individuelles et à un gouvernement squelettique. Il a été l'un des chefs de file des conservateurs les plus pugnaces dans la procédure de destitution lancée contre l'ancien président Bill Clinton. Mais il a rompu les ponts avec l'administration Bush et est opposé à la guerre.  Il y a Chuck Baldwin, de droite, opposé à la guerre lui aussi, du parti de la Constitution, dont le programme isolationniste est assez proche de celui des libertariens. Son crédo : "que l'état s'occupe de protéger le territoire et rien d'autre". Trois candidats revendiquent l'étiquette socialiste (et oui !) dont Gloria La Riva du Parti Socialiste et de Libération, la représentante d'un parti pro-castriste qui sera présente dans douze états, et plusieurs indépendants.


                                                      Gloria La Riva, une socialiste candidate...

Sans oublier Gene Amondson, un pasteur austère, qui, quoi qu'il arrive, ne sablera pas le champagne le soir du 4 novembre. Amondson est candidat à la présidence au nom du parti de la prohibition.

Côté démocrate, Caroline Killen, 82 ans, n'a ni famille, ni téléphone, ni toit fixe et défend un programme uniquement centré sur le changement climatique: il faut "retourner à la nature" dont les Etats-Unis se sont trop détournés selon elle. Un autre démocrate, Albert Howard, se présentait à cause d'une petite voix qui lui aurait parlé en janvier 1992. "Tu affronteras Hillary Clinton... et elle perdra", lui aurait-elle dit...

Enfin, il y a Ralph Nader, indépendant, militant écologiste, défenseur des droits des consommateurs parfois tenu pour responsable de l'échec du démocrate Al Gore face à George W. Bush lors de l'élection présidentielle de 2000, qui s'est lancé dans sa 5e tentative à la présidentielle. Il sera présent dans au moins 46 Etats. Mais contrairement à 2000, il est quasiment ignoré par les médias audiovisuels.


UNE CANDIDATE POUR LES VERTS


Les Verts ont choisi comme candidate à la présidence une femme noire et représentante démocrate de la Géorgie au Congrès (1993-2003), Cynthia McKinney.


Connue aux Etats-Unis pour ses prises de position courageuses contre la guerre en Irak et le pillage de l'Afrique par les pays occidentaux, Cynthia McKinney qui est la première élue noire américaine du Congrès à avoir demandé une commission d'enquête sur les événements sur le 11 septembre à New York, a aussi longuement enquêté sur la tragédie des Grands Lacs (tragédie du Rwanda).


Son programme, "Le Pouvoir au Peuple" semble la seule réponse pour contrer le système « Républicate ». Ce sentiment a été résumé par le militant Nefta Freeman : "Il faut que nous sortions du cadre qui nous est fixé, et que nous pensions et construisions des partis politiques qui sortent du cadre fixé, des partis qui se fixent pour but de répondrent aux intérêts économiques, sociaux et politiques de la masse. Voilà pourquoi la candidature de Cynthia McKinney pour la présidence et pourquoi la coalition Le Pouvoir au Peuple sont tellement importantes pour le présent et pour l'avenir." Cette coalition jette les bases d'un changement radical et c'est la seule façon, pour nous, de changer véritablement les choses."






Voir le monde tel qu'il ne nous est pas écrit. A commencer par le mur à la frontière Mexicaine que dénonce McKinney et qui ne pose problème ni à Mc Cain, bien sûr, ni à Obama.
 


Alors, MacCain ou Obama : pour qui « voter » si je vis à Montpellier, à Orléans ou Soustons Plage? Pour qui puis-je avoir, à distance les yeux de Chimène ?

L'altermondialiste  que je suis peut se retrouver dans la candidature courageuse et exemplaire de Cynthia McKinney et de son discours décalé par rapport au système convenu, posant les vrais enjeux sociaux et écologiques.
Nader qui défend aussi les minorités et les plus démunis est aussi un écologiste et s'oppose également au nucléaire. Il est  le seul à proposer une taxe sur les spéculations à Wall Street...

Alors McKinney ou Nader ? L'un des deux certainement. Mais je ne suis pas né dans le Dakota du Sud à Sioux Falls. Vu d'ici la planète se portera sans doute moins mal avec un Obama qu'un MacCain, aigle blessé d'une nation qui ne peut envisager et accepter de ne pas dominer le monde sur tous les terrains. Les velléités bellicistes affichées nous mettraient alors tous en danger.

Alors, MacCain ou Obama : pour qui voter si je vis à Montpelier (1) à la Nouvelle Orléans ou Virginia Beach?

Dans cette hypothèse, ne serais-je pas broyé à la moulinette « Républicate » et donc une proie facile du bipartisme institutionnalisé. Ne serais-je pas laminé par les médias encore plus qu'ici, ne serais-je pas javellisé par un consumérisme au service d'une pensée unique ? A savoir que mon bulletin ne sert plus, que la politique du toujours moins pire aurait dissout mes convictions, je glisserais peut-être- sans doute, certainement ?- le ticket Obama. Le fameux vote utile...

(1) capitale de l'état du Vermont, aux Etats-Unis. Avec 8 035 habitants, c'est la plus petite capitale d'état des Etats-Unis.


(2) suite avec la partie 3 "l'ombre de Bradley et Diebold", demain sur ce blog...

Publié dans Etats-Unis

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